L’échec est essentiel à l’apprentissage: si nous changions de regard ?
- Hélène Zapata
- 16 avr.
- 3 min de lecture
« Il n’y a pas d’échec, il n’y a que des apprentissages. » Cette phrase qu’on attribue souvent à Nelson Mandela, sonne bien. Mais combien d’entre nous y croient vraiment ? Combien d’entre nous, face à un revers professionnel ou à un bulletin scolaire décevant, parviennent à en faire un moteur plutôt qu’un frein ?
L’échec, un mot tabou dans nos sociétés
Dans nos entreprises, nos écoles, nos familles, l’échec est souvent perçu comme une fin. Une sanction. Une preuve d’incompétence ou d’inadaptation. Le CV sans fausse note. Le parcours scolaire linéaire. Le business plan qui réussit du premier coup.
Et pourtant, en tant que professionnels et parents, nous savons que la réalité est tout autre. Derrière chaque compétence solide, chaque réussite pérenne, se cache une série d’essais, de tâtonnements… et d’échecs.
Mais pourquoi est-ce si difficile d'accepter cela ?
Le cerveau, l’échec et le développement
La psychologie cognitive et les neurosciences nous offrent un éclairage fascinant.
Lorsque nous échouons, deux types de réactions peuvent se produire dans notre cerveau :
Le mode "fixe" (fixed mindset) qui nous vient de la psychologue Carol Dweck : on interprète l’échec comme une preuve qu’on n’est « pas fait pour ça ». Résultat : démotivation, repli, voire abandon.
Le mode "de croissance" (growth mindset) : on considère que nos capacités sont malléables et que l’échec est un signal utile pour progresser. Ici, l’erreur devient précieuse. Le cerveau se remet en action, s’ajuste, apprend.
La différence ? Elle repose sur notre environnement, notre culture et notre regard sur l’échec. Ce que nous valorisons autour de nous : le résultat final ou le processus d’apprentissage.

Changer de posture et transformer l’échec en levier de votre réussite
Dans les entreprises comme dans nos foyers, trois leviers sont essentiels pour faire de l’échec un allié :
1. Normaliser l’erreur
Que ce soit face à un projet raté ou à une mauvaise note, poser un cadre où l’échec est attendu et intégré au processus évite de le diaboliser. Cela veut dire aussi valoriser les feedbacks honnêtes, la critique constructive et éviter les jugements hâtifs.
Par exemple, pour savoir mieux accueillir l’échec, si lors de vos réunions ou discussions familiales, vous partagiez chacun un « raté de la semaine » et ce qu’il vous a appris ?
2. Encourager l’expérimentation
Dans un monde en perpétuelle évolution, les compétences clés sont l’agilité, la créativité et la capacité à rebondir. Favoriser l’expérimentation, l’essai-erreur, c’est développer des professionnels et des étudiants capables d’affronter l’incertitude, gérer les imprévus et naviguer dans l’incertitude.
Par exemple en tant que Managers, vous pouvez laisser de la marge à vos équipes pour tester. En tant que parents : valorisez les initiatives même imparfaites, plutôt que la quête du sans-faute et permettre à vos enfants de se tromper, leur permet de trouver leurs solutions propres et de ressentir une forme de fierté de réussir à se sortir d’une mauvaise passe.
3. Développer la résilience émotionnelle
L’échec touche à l’estime de soi. Accompagner ceux qui le vivent, c’est aider à mettre des mots sur les émotions générées (frustration, honte, colère) tout en maintenant une perspective constructive.
Dans les entreprises, comme dans les familles, cela passe par des échanges authentiques où chacun apprend à évoquer et accueillir ses vulnérabilités. Savoir montrer ses fragilités c’est savoir faire preuve d’authenticité et de courage.
De l’échec subi à l’échec choisi
Les grands innovateurs, les sportifs de haut niveau, les entrepreneurs, les chercheurs le savent : ils ne réussissent pas « malgré » leurs échecs, mais “grâce” à eux.
Professionnels, parents : avons-nous suffisamment préparé nos collaborateurs, nos enfants à cela ? Avons-nous créé des environnements qui autorisent l’imperfection, et qui transforment les revers de médaille en tremplins vers la réussite ?
La question n’est pas : comment éviter l’échec ? mais plutôt : comment apprendre à bien échouer ?
Comments